Festif et claironnant

Dans cette œuvre du début de 2022, de Jean-Pierre Petit, le point n’est pas l’unique
union du silence et de la parole, il est au contraire festif et claironnant.
En réalité, le point en question n’appartient pas au silence mais au langage.
Ces points, certainement pas au point mort, sont en totale résonance avec l’œuvre
avec laquelle ils se trouvent associés ; non utilitaires, ils dévoilent le sens profond du symbole.
A noter que les dimensions du point modifient directement la perception globale de l’œuvre
quand bien même les masses anguleuses et obscures contraignent le plan général.
La surface des points évoquent d’ailleurs une forme géométrique fermée plus qu’un point
si ce n’était leurs scansions poétiquement exposées.
La sonorité première des points en couleurs primaires selon leur forme univoque
sont à eux-mêmes un petit monde à part, arrachés à leur entourage,
ils n’avancent pas, ils ne reculent pas, ils s’exposent.
Si la peinture est espace, la musique est temps. Ces points-là en situation sont la forme
temporelle la plus concise. Cette résonance harmonieuse est l’équivalent d’une composition,
elle devient la composition même. On le voit bien. D’ailleurs la force du point trouve aussi
son équivalent en musique, notamment chez Anton Bruchner.
Reste que le point fermé sur lui-même est immobile, il subit néanmoins les forces extérieures
qui le compriment et l’engagent vers des directions plurielles.
Si le point ne tenait pas tant à son autonomie on ne serait pas loin de la ligne.
Cela serait la possibilité du point chez Jean-Pierre Petit, un point de départ.

[Michel Rocherieux. 2022. Tréveneuc]