Participe présent (fin)

Mais pour ma part, la clef de voûte de ces créations picturales est la joie de vivre, l’énergie
d’une allégresse renouvelable, omniprésente. Jamais l’ombre du désespoir ne surgit
de cet univers : un cosmos sans tristesse, enfin accessible !
Jean-Pierre Petit n’a pas oublié de garder le plaisir d’organiser un autre monde avec toute
la rigueur de l’enfant, avec toute la gaieté ontologique d’être vivant et de savoir perpétuer
les “Jour de fête”, et aussi ses personnages ne savent pas se cacher sous les apparences
sociétales, ils sont nus, vrais et épousent le mouvement du jeu sans économie.
Colette écrivait : « moi, c’est mon corps qui pense » celui de Jean-Pierre Petit n’est jamais
fatigué de peindre, de jeter un regard ludique sur nos quotidiens, d’oser l’insolence
des fesses impies, d’aborder la sexualité, non pas comme un problème ! mais comme
une évidence, une source inépuisable du désir créateur : « l’élan vital » de Bergson
qui permet à la crosse de fougère de s’épanouir.
D’ailleurs le thème de la sexualité est régulièrement associé, dans cette œuvre, à celui
de la naissance, de la “Fécondation”. Les deux étant de l’ordre du naturel et le carburant
de l’adulte créateur permettant “L’envol génétique”. À y bien regarder, le liquide
amniotique a peut-être envahi les blancs et les interstices des toiles, ce qui nous permet
d’être si heureux dans ce monde protégé et d’arriver à “Être Monde” quelques instants
échappés à la globalisation actuelle.
L’artiste exerce son ingéniosité en inventant un alphabet “Lettres ou ne pas lettres”
un code secret pour initiés, un monde où ”Les mots s’envolent” mais pour cela il faut
avoir préalablement envoyé des “Lettres à Éole”.
Qu’on se le dise !

[Anne Le Guen. 2018. Brest-Recouvrance]