Artiste
Plasticien
Designer
Un petit trait incertain
qui nous entraîne dans l’immensité
du désir de la création.
Un trait d’esprit fulgurant
comme une nuit pleine d’étoiles
qui nous laisse sans remords
au bord de la voie lactée.
La couleur va être traitée comme forme de manière rythmique
et compositionnelle. Forme et couleur sont à égalité
quand Matisse taille avec ses ciseaux dans des gouaches.
Il disait « dessiner dans la couleur ».
A noir, I rouge, U vert, O bleu, c'est le premier vers du poème
Voyelles d'Arthur Rimbaud où il associe couleur et lettre.
Herbin, le peintre, lui, nous dit
« Il est évident que le jaune est pointu »
donc couleur et forme !!!
Kandinsky, amoureux de la musique, voyait la couleur d'un son.
Pour Baudelaire, parfum, couleur et son se répondaient.
Dans l'abstraction géométrique, mais sans angles, de Jean Pierre Petit,
formes, couleurs, lignes, espace vont se livrer un jeu très réfléchi
et organisé même si l'aléatoire tient sa place.
Une ligne noire armature les aplats colorés et l'espace blanc appelé “fond”
comme s'il n'était qu'un faire valoir. Ces blancs sont aussi des contre formes
avec leur rôle à part entière. Cette ligne, noire et épaisse, flirte avec les couleurs,
parfois les souligne, les agresse ou les pénètre. À d'autres moments, elle jaillit,
plonge avant d'encercler, ou sert de béquille. Ces divers scenarii la rendent
vivante, elle dynamise l'espace… Elle suggère différemment selon ses directions,
elle est stable en verticale, sage en horizontale, agressive en brisée,
douce en courbe, dynamique en oblique. Cette voyageuse dans l'espace
pictural, aux allures de fer forgé, nous fait rentrer dans le champ de la toile
pour sortir dans un hors champ. Elle s'amuse avec la stabilité,
voire l'immobilisme des taches colorées en se glissant à l'arrière
pour les pousser vers nous ou au contraire en les barricadant
pour les mettre en arrière-plan, tout en sachant que la couleur ne se laisse pas
faire : chaude elle avance, froide elle recule.
Donc, Jean-Pierre PETIT !!! Abstraction totale ? Pas sûr.
[ Gisèle Étienne ]Quelques indices formels nous baladent : œuf, sombrero, moustache, étagère, oiseau, œil… et puis plus rien car l'artiste est fantasque.
Il nous emmène à la frontière d'une réalité, il dit sans dire vraiment.
Il est toutefois amusant de collecter ces divers signes parfois récurrents
qui codent l'ensemble comme un alphabet inventé pour une nouvelle écriture :
la sienne.
Nous sommes l'addition de nos souvenirs, nos rêves, nos rencontres,
notre culture et des artistes qui nous ont embarqués.
Il en est de même dans la création artistique.
Pour Jean Pierre Petit, dans l'ombre de cette exposition, se glissent ici délicatement les fantômes de Kandinsky, Miró, Fernand Léger, Keith Haring,
Niki de Saint Phalle et, bien sûr, l'immense Matisse.
Mais il y a aussi du Shadoks et de La Linea (animation sur la vie d'une ligne
qui racontait une histoire sans mot dans les années 80).
L’accumulation des signes 1.0. nous entraîne
dans les ténèbres les plus profondes de l’humanité.
À la vitesse où défilent les signes,
plus rien n’a d’importance.
De seconde en seconde, le flot du vide,
de l’insignifiance nous emporte au royaume des ombres.
Les drogués du signe ont perdu tout pouvoir de création.
Écrire sa vie ?
« Je n’écris pas sur les oiseaux » nous dit Jacques Prévert.
L’artiste nous dit ceci : « je n’écris pas sur une cage,
je n’écris pas sur le temps qui passe, j’écris avec une plume,
avec un pinceau sur un support.
Moi, j’écris sur une feuille, avec un crayon, je réécris
sur une page virtuelle en tapant sur les touches d’un clavier.
Et quand j’écris, mobilisant mes outils d’écriture,
mon savoir « graphier », ma conscience du sens des mots,
je suis sur un chantier avec ses sentiers qui « biffurent »
au besoin ou au gré des hasards.
Et que fait donc l’autre artiste peintre avec ses propres outils,
sa matière, son propre langage ? Il y a le « déjà-là ».
Il y aura ce qui advient. Avec le symbolique des lignes
et des formes, des formats, des couleurs ?
Il inscrit, il écrit, il établit le vivant, il anime les surfaces
pour nous donner à lire sa vie, notre vie, d’autres vies.
Je n’ai pas de fil à la patte
J’ai un cœur ouvert et s’il est blessé,
je ne vous le dirais jamais.
J’ai toujours bougé et parfois
je bondis sans sourciller.
Je joue seul
et les couleurs viennent me rejoindre
Alors la vie peut recommencer.