Artiste
Plasticien
Designer
Portée par cette joie en peinture,
la mémoire est sollicitée.
Les souvenirs anciens nous font signe, ceux de certains
jours enchantés selon le balisage du peintre.
Ce chemin se pratique selon son langage secret
avec sa grammaire particulière, c’est un appel à le suivre
dans cette voie en confiance,
en dépit de sa forme abstraite à hauteur d’homme.
Reste le silence de l’oeuvre qui s’impose dans une proximité familière et qui nous procure le bien-être.
Cette oeuvre complexe faite de simplicité et de puissance
se présente comme une invitation à la fête de la vie.
Écrire la réalité de la musique du monde, de l’univers.
Une recherche spirituelle qui m’ouvre
les portes “du jardin” - comme disait Henri Matisse.
Cette spiritualité s’affirme par une joie profonde,
essentielle, que j’essaie de transmettre, de partager
par le trait, la couleur et qui dessine mon paysage.
Un trait de pinceau, un trait d’esprit
nous entraîne au-delà de ce monde des apparences,
des conventions, pour nous élever vers l’univers
joyeux de la création, de la beauté, du spirituel.
Un alphabet, une écriture réinventée
nous parle de cet indispensable lien qui nous unit
et nous relie au destin de l’univers.
J’aime la vie, j’aime la couleur
et rien au monde n’existe plus
que ces instants de force
et de plénitude qu’est l’acte de peindre.
Alors le sentiment d’exister,
d’être au monde, de faire partie du tout
se révèle tout puissant.
Il faut reprendre la quête
et, de nouveau, comme
dans les carrefours de la vie,
nous sommes entraînés
sur une nouvelle voie.
La condition humaine serpente,
pour sûr, au coeur de son œuvre
et l’éternel recommencement
s’ouvre enfin sur une issue,
celle de notre pouvoir d’imagination.
Un perpétuel glissement de sens
nous incite à créer des passages,
des portes.
L’impossibilité de toute conclusion
nous offre les portes de la liberté
et nous libère du carcan traditionnel
d’un schéma narratif chronologique.
Si Jean Pierre Petit
construit une approche
novatrice de l’espace,
il perturbe aussi notre
conception du temps.
Il recherche
une saisie globale
et paradoxalement
il insiste sur les aspects
fragmentaires
des émotions en entourant
certaines situations.
Et ses kakemonos flottants
font vibrer l’espace
et le temps, influents
un régime émotionnel inédit.
Je ne sais pas
Je ne ssais plus
Par où aller
à la fois.
Vers ici, ici bas
là-bas ou chez toi !
J’ai entendu un bruit
qui venait de loin
Je le poursuis
de toutes couleurs
tout en trait
patiemment
fermement
je vais l’attraper
à travers l’obscurité
de mes forêts.
Au détour d’un mur
ou d’un jardin,
subrepticement
un instant poétique
peut se produire
et communiquer
cette énergie vitale
qu’est la beauté.
Le lapidaire serait cette signature du monde
par l’écriture du sensible, en écho des choses enfouies.
Cette mise en oeuvre serait possiblement la réversibilité
des images de telle sorte que l’on pourrait parler d’empreinte
du positif au négatif et inversement.
L’ensemble est tissé de larges mailles arrimées en réseau
de l’inconscient du regardeur.
Ses engrammes à ce moment précis sont oblitérés
par un présent mystérieux : l’intuition figurée par une trace
archéologique anachronique.
Cette expérience lapidaire est aidée par la compétence
de l’artiste, aux savoirs des indices du chasseur.
Il advient dans le maquis des possibles
que les formes apparaissent comme des temporalités
aussi concises soient-elles, il s’agit du temps à l’œuvre.
Le lapidaire qui nous est présenté est une invitation
au voyage dans le temps, temps aussi lointain que proche,
qui résonnerait comme des images-carillons sonnant
à toutes volées.
Il s’agit d’un langage
à part entière,
il s’agit même
du premier des langages,
celui d’avant,
d’avant l’éducation,
d’avant l’enfance,
il s’agit du langage premier,
celui qui est en nous,
ou, plus exactement,
nous sommes en lui.
Le langage des étoiles,
du cosmos, de la terre,
le langage universel
de la beauté, du bonheur,
de la vie.
Mes peintures agissent sur la sensation du réel
et doivent être perçues comme un marqueur
de l’universel dans un espace qui aujourd’hui
se referme sur l’homme et son destin.
Ces couleurs, ces lignes, ces tensions déstabilisent
l’ordre visuel établi par les pouvoirs politiques
et économiques, bousculent le réel dans tout ce
qu’il a de faux-semblants et de vrais mensonges.
Ecrire ou peindre la trame du vivant,
décrire ou écrire l’arbre de vie qui pousse
en nous et dans tout l’univers, dessiner le destin
en voulant croire à cette destinée, à cette œuvre
dessinée qui vient au bout de mon pinceau,
qui suit la ligne tracée sur la feuille blanche de nos vies,
qui voit les couleurs lumineuses de l’espoir
se fondre dans les nuages de nos pensées.
Pourtant un quidam à la singularité quelconque
qui d’après ce que l’on rapporte se piquait
d’avoir lu quelques livres, demanda au Peintre
si ses œuvres ne recouvraient pas
quelque long récit mythique inaccessible et clandestin.
Il se fondait sur les fictions telles que Borges
et Cervantes auraient pu les raconter
dans les méandres réels de l’imaginaire.
Le roman en peinture était né.
Mises bout à bout toutes ces pages picturales,
le moment venu, constitueront le grand livre du peintre,
celui de sa propre existence.
Alors apparaîtra un conte fantastique quand la peinture
dans sa totalité recouvrira comme un palimpseste
le territoire de l’inconscient ouvert sur le monde,
livre d’images écrites aux pinceaux.